
C’est un coup de tonnerre dans l’univers automobile mondial. Alors que la tension commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne ne cessait de grimper, le président américain Donald Trump a annoncé un projet de droits de douane de 20 % sur les produits importés d’Europe. Plus grave encore : une taxe de 25 % s’appliquera spécifiquement aux automobiles non fabriquées sur le sol américain.
Pour les marques italiennes premium du groupe Stellantis, c’est une nouvelle qui change la donne. Maserati réalise 40 % de ses ventes aux États-Unis, tandis qu’Alfa Romeo y écoule 14 % de ses véhicules. Ce marché nord-américain, pilier essentiel des deux marques, est aujourd’hui remis en question.
Face à cette menace, John Elkann, président de Stellantis, a décidé de réagir. Selon Bloomberg, il a récemment sollicité le cabinet de conseil McKinsey pour l’accompagner dans une réflexion stratégique autour du futur d’Alfa Romeo et Maserati. Parmi les pistes explorées : des partenariats industriels, des synergies externes… et même une éventuelle scission de Maserati à plus long terme.
Un choix qui peut étonner de la part de John Elkann, qui assurait il y a peu : « Nous lancerons les bons modèles, avec les bons moteurs, au bon moment. » Pourquoi alors faire appel à un cabinet externe pour « sauver » ces deux marques ? Parce que l’équation a brutalement changé : l’avenir d’Alfa Romeo et Maserati dépend étroitement du marché américain. Et avec de nouvelles barrières douanières, c’est tout un pan de leur stratégie produit qui vacille.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis plusieurs années, les États-Unis sont de loin le premier marché de Maserati. Quant à Alfa Romeo, les USA sont son deuxième débouché commercial, et ont même été numéro 1 en 2021. Voici le classement des principaux marchés pour les deux marques :
Année | Alfa Romeo USA | Maserati USA |
---|---|---|
2023 | 2e | 1er |
2022 | 2e | 1er |
2021 | 1er | 1er |
2019 | 2e | 1er |
2018 | 2e | 1er |
2017 | 2e | 1er |
2016 | 3e | 1er |
Difficile dans ce contexte d’imaginer l’avenir sans les États-Unis. D’autant plus que le nouveau plan produit d’Alfa Romeo semble justement pensé pour reconquérir l’Amérique. Après un B-SUV Junior conçu avant tout pour l’Europe, la marque prévoit le renouvellement du Stelvio, de la Giulia, un Tonale revu et même un futur E-SUV. Tous des modèles calibrés pour le marché nord-américain. Si les droits de douane augmentent, ce plan tombe à l’eau. Et une question se pose : Alfa Romeo peut-elle survivre uniquement grâce à l’Europe ? Pas avec la feuille de route actuelle, clairement.
Du côté de Maserati, les incertitudes sont encore plus grandes. La stratégie 2020-2025 visant à faire de la marque une pionnière du 100 % électrique s’est soldée par un échec. Pourtant, malgré les ventes timides de la gamme Folgore, les USA ont continué de jouer le rôle de bouée de sauvetage. Sans ce marché, les volumes de la marque auraient été quasiment divisés par deux.
Aujourd’hui, Maserati vit grâce à la supercar MC20, au Granturismo, au Grancabrio et au SUV Grecale. Deux modèles cruciaux restent à venir : le nouveau Levante et la future Quattroporte. Des modèles décisifs pour assurer une continuité. Mais la fragilité de la marque tranche avec la sérénité apparente d’autres marques de luxe italiennes comme Ferrari ou Lamborghini, elles aussi concernées par les nouvelles taxes, mais moins dépendantes et bien plus robustes financièrement.
Alors, quel avenir pour Maserati ? Et par extension, pour Alfa Romeo ? La bonne nouvelle, c’est que John Elkann ne semble pas prêt à les abandonner. Il tient à ses deux joyaux italiens. Mais la question demeure : pourquoi attendre que l’élastique casse pour se décider à prendre des mesures audacieuses ? Cela fait maintenant des années que la situation de ces deux marques est fragile. L’appel à McKinsey, s’il arrive tard, pourrait enfin amorcer un tournant. Il est temps.
Encore une preuve qu’ils sont complètement largués.
Faut dire qu’ils ont faire fuire les compétents passionnés…
McKinsey c’est peut être le pire cabinet de conseil du monde… On se souvient de leur « conseil avisé » auprès de Purdue Pharma.
S’en remettre à un cabinet de conseil, ca en dit long sur la sagacité du board Stellantis