
La journée de samedi sur le circuit international de Shanghai aura été riche en rebondissements pour la Scuderia Ferrari. Après avoir dominé les qualifications de vendredi et remporté la course Sprint ce matin avec Lewis Hamilton sous les couleurs rouges, l’équipe de Maranello s’est finalement retrouvée en troisième ligne lors des qualifications qui ont suivi pour le Grand Prix de Chine. Voici les raisons de ce recul inattendu et l’identité du « coupable » tant recherché.
D’une Ferrari victorieuse en Sprint…
Le week-end chinois avait démarré sous les meilleurs auspices pour la SF-25, capable de gérer efficacement l’usure des pneumatiques sur un tracé exigeant. En Sprint, Lewis Hamilton a signé une victoire convaincante, gérant parfaitement un rythme en 1’37’’5 dans les derniers tours, tandis qu’Oscar Piastri (McLaren) tombait à 1’38’’7 et Max Verstappen (Red Bull) dépassait la barre de 1’39’’.
Charles Leclerc, malgré une entame plus difficile, est également parvenu à jouer les premiers rôles en fin de course. Les Ferrari s’élançaient pourtant sur des gommes déjà usées (six tours), plus usées que celles de Verstappen (quatre tours) et de McLaren (trois tours), et seul Mercedes disposait de pneus encore plus anciens (huit tours). Tout laissait donc penser que la SF-25 avait un rythme de course solide, notamment grâce à l’absence de perturbations aérodynamiques en tête de peloton.
Cependant, dès la course Sprint, des signaux d’alerte apparaissaient : la Ferrari semblait légèrement plus en difficulté dans les virages rapides, avec un risque de graining sur l’essieu avant. Une donnée que l’équipe ne pouvait ignorer en vue du Grand Prix du dimanche.
…à une chute en troisième ligne
Quelques heures après la victoire en Sprint, l’atmosphère a changé lors des qualifications de l’après-midi : Oscar Piastri et sa McLaren MCL39 ont décroché la pole position, devançant George Russell (Mercedes). Max Verstappen, quant à lui, a pris la troisième ligne aux côtés des deux Ferrari, reléguées à des places bien inférieures à leurs résultats précédents.
Les pressions de pneus imposées par Pirelli en cause ?
La première hypothèse pour expliquer ce revirement pointait l’augmentation d’1 psi des pressions de pneus imposée par Pirelli. Avec un nouvel asphalte offrant plus d’adhérence que prévu, la charge sur les gommes s’est accrue, obligeant Pirelli à rehausser la pression. Plus gonflés, les pneus ont une surface de contact réduite, génèrent plus de chaleur et subissent potentiellement davantage de dégradation.
Toutefois, ce paramètre était déjà en vigueur pendant la course Sprint du matin. Si l’augmentation des pressions a joué un rôle, elle n’explique pas à elle seule la perte de compétitivité de Ferrari en qualifications.
Des réglages axés sur la course : le vrai « coupable »
L’élément clé serait plutôt à chercher du côté de l’évolution des réglages en vue du Grand Prix. Dans le parc fermé, les écuries ont très peu de marge de manœuvre, mais elles peuvent encore ajuster certains paramètres pour mieux préserver les pneus sur la durée d’une course longue et avec plus de carburant.
En observant la dégradation des pneus avant dans les virages rapides, Ferrari aurait opté pour un équilibre plus sur l’arrière, afin de soulager l’essieu avant. Problème : l’équipe s’est retrouvée avec davantage de survirage et une tendance à faire surchauffer les pneus arrière, particulièrement dans les courbes lentes (comme le fameux virage 13 conduisant à la longue ligne droite), ce qui a compromis l’adhérence et le chrono. Selon Lewis Hamilton, « les changements que nous avons apportés nous ont donné beaucoup plus de survirage l’après-midi », un constat partagé par Charles Leclerc, qui estime que « les autres ont plus progressé que nous ».
Pour Ferrari, la question sera de savoir si ces réglages, plus « conservateurs », paieront sur la durée de la course. Le rythme affiché en Sprint, notamment la constance de Hamilton et la belle remontée de Leclerc, laisse espérer un solide potentiel en relais longs. La réponse définitive sera donnée lors du Grand Prix de dimanche, disputé cette fois dans des conditions annoncées sèches, où la gestion de la stratégie et la capacité à dépasser joueront un rôle déterminant.